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La poésie
Le jour où
la neige sera noire
Et où les corbeaux seront blancs
Ton nom aura quitté ma mémoire
Mes autres sites:
- Marche
européenne du souvenir et de l'amitié 1998 - European March of Memory and
Friendship
- Chantiers
nature des Réserves naturelles et ornithologiques de Belgique
- Quelques images de la région française de l'Avesnois - Some pictures from the French region of Avesnois (Northern France)
- Stage "Point vert en famille" au centre ADEPS "Le Liry" à Chiny
- Quelques images de l'Ourthe à Engreux - Some pictures of the Belgian river Ourthe in Engreux
- Quelques
image de Lillehammer (Norvège) - Some pictures from Lillehammer (Norway)
- Quelques
image de Libourne et ses environs (France) - Some pictures from Libourne and
surrounding vineyards (France)
- Quelques images de Laponie (le pays du soleil de minuit) - Some pictures from Lapland (country of the midnight sun)
- Carcassonne,
septembre 2002
- Quelques
pages de poésie
Il y a de grands soirs où les villages meurent -
Après que
les pigeons sont rentrés se coucher.
Ils meurent, doucement, avec le bruit de
l'heure
Et le cri bleu des hirondelles au clocher...
Alors, pour les
veiller, des lumières s'allument,
Vieilles petites lumières de bonnes
soeurs,
Et des lanternes passent, là-bas dans la brume...
Au loin le
chemin gris chemine avec douceur...
Les fleurs dans les jardins se sont
pelotonnées,
Pour écouter mourir leur village d'antan,
Car elles savent
que c'est là qu'elles sont nées...
Puis les lumières s'éteignent,
cependant
Que les vieux murs habituels ont rendu l'âme,
Tout doux, tout
bonnement, comme de vieilles femmes.
(Henry Bataille)
La veilleuse du surveillant s'est éteinte
Et le surveillant dans la nuit
S'est éteint aussi
Les enfants en rêvant
Avaient soufflé sur lui
Le couchant dardait ses rayons suprêmes
Et le vent berçait les nénuphars blêmes;
Les grands nénuphars, entre les roseaux,
Tristement luisaient sur les calmes eaux.
Moi, j'errais tout seul, promenant ma plaie,
Au long de l'étang parmi la saulaie
Où la brume vague évoquait un grand
Fantôme laiteux se désespérant
Et pleurant avec la voix des sarcelles
Qui se rappelaient en battant des ailes
Parmi la saulaie où j'errais tout seul
Promenant ma plaie; et l'épais linceul
Des ténèbres vint noyer les suprêmes
Rayons du couchant dans les ondes blêmes
Et les nénuphars, parmi les roseaux,
Les grands nénuphars sur les calmes eaux
V
Que lentement passent les heures
Comme passe un enterrement
Tu pleureras l'heure où tu pleures
Qui passera trop vitement
Comme passent toutes les heures
VI
J'écoute les bruits de la ville
Et prisonnier sans horizon
Je ne vois rien qu'un ciel hostile
Et les murs nus de ma prison
Le jour s'en va voici que brûle
Une lampe dans la prison
Nous sommes seuls dans ma cellule
Belle clarté Chère raison
(Guillaume Apollinaire)
GASPARD HAUSER CHANTE
Je suis venu, calme orphelin,
Riche de mes seuls yeux tranquilles,
Vers les hommes des grandes villes:
Ils ne m'ont pas trouvé malin.
À vingt ans, un trouble nouveau,
Sous le nom d'amoureuse flamme,
M'a fait trouver belles les femmes:
Elles ne m'ont pas trouvé beau.
Bien que sans patrie et sans roi
Et très brave ne l'étant guère,
J'ai voulu mourir à la guerre:
La mort n'a pas voulu de moi.
Suis-je né trop tôt ou trop tard?
Qu'est-ce que je fais en ce monde?
Ô vous tous, ma peine est profonde!
Priez pour le pauvre Gaspard!
(Paul Verlaine)
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
(Guillaume Apollinaire)
CHANSON D'AUTOMNE
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueurMonotone
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure;
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deça, delà,
Pareil à la
Feuille morte
(Paul Verlaine)
Le petit homme qui chantait sans cesse
Le petit homme qui dansait dans ma tête
Le petit homme de la jeunesse
A cassé son lacet de soulier
Et toutes les baraques de la fête
Tout d'un coup se sont écroulées
Et dans le silence de cette fête
Dans le désert de cette fête
J'ai entendu ta voix heureuse
Ta voix déchirée et fragile
Enfantine et désolée
Venant de loin et qui m'appelait
Et j'ai mis ma main sur mon coeur
Où remuaient
Ensanglantés
Les sept éclats de glace de ton rire étoilé
Ô Claire, Suzanne, Adolphine,
Ô ma Mère des Écaussinnes,
À présent si loin qui dormez
Vous souvient-il des jours d'été,
Là-bas en août, quand nous allions,
Pour les visiter nos parents,
Dans leur château de Belle-Tête,
Bâti en pierres de chez vous,
Et qui alors nous faisaient fête,
À vous, leur fille, ainsi qu'à nous,
En cette douce Wallonie
D'étés clairs là-bas, en Hainaut,
Où nous entendions d'harmonie
Comme une voix venue d'en haut,
Le bruit des ciseaux sur les pierres
Et qui chantaient sous les marteaux,
Comme les cloches sonnant dans l'air
Ou mer au loin montant ses eaux,
Tandis que comme des éclairs
Passaient les trains sous les ormeaux.
Ô ma Mère des Écaussinnes,
C'est votre sang qui parle en moi,
Et mon âme qui se confine
En vous, et d'amour, et de foi,
Car vous m'étiez comme Marie
Bien que je ne sois pas Jésus,
Et lorsque vous êtes partie,
J'ai su que j'avais tout perdu
(Max Elskamp)
LE LAC
Ainsi toujours poussés vers de nouveaux
rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour?
Ô lac! l'année à peine a fini sa carrière,
Et, près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir!
Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes;
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés;
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.
Un soir, t'en souvient-il? nous voguions en
silence;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots:
"Ô temps suspends ton vol, et vous heures
propices,
Suspendez votre cours!
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours!
"Assez de malheureux ici-bas vous
implorent;
Coulez, coulez pour eux;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent;
Oubliez les heureux.
"Mais je demande en vain quelques moments
encore,
Le temps m'échappe et fuit;
Je dis à cette nuit: "Sois plus lente", et l'aurore
Va dissiper la nuit.
"Aimons donc, aimons donc! de l'heure
fugitive,
Hâtons-nous, jouissons,
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive;
Il coule et nous passons!"Temps jaloux, se peut-il que ces moments
d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur;
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur?
Hé quoi! n'en pourrons-nous fixer au moins la
trace?
Quoi! passés pour jamais? quoi! tout entiers perdus?
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus?
Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez?
Parlez: nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez?
Ô lac! rochers muets! grottes! forêt obscure!
Vous que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir!
Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes
orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux!
Qu'il soit dans le zéphir qui frémit et qui
passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés!
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire;
Tout dise: "Ils ont aimé!"
(Alphonse de Lamartine)
L'ÉTRANGER
- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique,
dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour
inconnu.
- Ta patrie?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les
merveilleux nuages!
(Charles Baudelaire)
DÉSIRS D'HIVER
Je pleure les lèvres fanées
Où les baisers ne sont pas nés,
Et les désirs abandonnés
Sous les tristesses moissonnées.
Toujours la pluie à l'horizon!
Toujours la neige sur les grèves!
Tandis qu'au seuil clos de mes rêves,
Des loups couchés sur le gazon,
Observent en mon âme lasse,
Les yeux ternis dans le passé,
Tout le sang autrefois versé
Des agneaux mourants sur la glace.
Seule la lune éclaire enfin
De sa tristesse monotone,
Où gèle l'herbe de l'automne,
Mes désirs malades de faim
(Maurice Maeterlinck)
ARIETTE
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville,
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits!
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie!
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi! nulle trahison?
Ce deuil est sans raison
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon coeur a tant de peine
(Paul Verlaine)
Il a mis le café dans la tasse
Il a mis le lait dans la tasse à café
Il a mis le sucre dans le café au lait
Avec la petite cuiller il a tourné
Il a bu le café au lait
et il a reposé la tasse
Sans me parler,
Il a allumé une cigarette
Il a fait des ronds avec la fumée
Il a mis les cendres dans le cendrier
Sans me parler
Sans me regarder il s'est levé
Il a mis son chapeau sur sa tête
Il a mis son manteau de pluie
parce qu'il pleuvait
Et il est parti sous la pluie
Sans une parole, sans me regarder
Et moi, j'ai pris ma tête dans mes mains,
et j'ai pleuré
(Jacques Prévert)
Jean-Louis
Te souviens-tu,
Jean-Louis
Des jours d'été
Et de ces prés
Où nous courions
Après les papillons
Le temps a passé
Le souvenir est resté
Tu es passé
Je suis resté
Nous sommes très loin l'un
de l'autre maintenant
Mais je continue tristement de fouler
Avec toi ces verts prés de notre enfance
(Danny Delcambre)
Copenhague
Dans les ruelles aux
alentours du vieux port
Vous savez, là où ça sent parfois la mort
Copenhague vit une autre vie
Faite des rimes imparfaites
Des chansons entonnées par les marins
Lorsqu'ils en ont assez de la pluie
Qui fait chavirer les goélettes
Et leur fait craindre le lendemain
Ils aiment la vie
Ils aiment la mer
Leur seule amie
Qui soit sincère
Elle les attend
Mais pour l'instant
Ils chantent
Et elle, elle patiente
"Chacun son tour
Un jour l'amour
Un jour la mer
Un jour la mort"
Telle est la chanson des
marins
Qui craignent la venue des lendemains
J'ai souvent entendu cette chanson
Elle transperce parfois la nuit
Lorsque les enfants sont au lit
Et les honnêtes gens barricadés dans leurs maisons
Elle pèse sur la cité
Comme un rite sacré
Que l'on n'ose outrepasser
(Danny Delcambre)
Les mouettes
Au fond des souvenirs d'un
autre âge
Se dresse l'ombre grise d'une vieille image
Qui s'abîme dans la mer de notre avenir
À celui-là que l'on croise sur la jetée
On aimerait enseigner l'amitié
Mais je ne fais que regarder
à l'horizon
Les mouettes
(Danny Delcambre)